Les hormones, elles ont bon dos. La soi-disant hystérie féminine aussi…Quand on est enceinte ou jeune mère, il y a des phrases, comme ça, des trucs de dingue qui font péter un câble en une seconde. Messieurs, Mesdames, les jeunes grand-mères, si vous pouviez nous les épargner, ça ferait du bien, un peu. Parce que l’ascenseur émotionnel pendant des mois, ça fatigue et ça fait même pas maigrir.
- « Oh la la, qu’est-ce que t’as grossi. Tu devrais faire attention quand même » : euh… Ta gueule ? D’accord. Donc déjà, dans grossesse, il y a grosse. Ça annonce un peu la couleur. Et enceinte, t’as faim, c’est tout. Alors soit tu t’écrases et tu regardes ta femme / ta fille / ta belle-fille défoncer des frites pour accompagner sa mayonnaise toute la journée, soit tu bouges tes fesses et tu vas faire le marché avant de lui préparer des papillotes de ce que tu veux de pas gras. Et une femme enceinte / jeune accouchée, n’est pas une personne raisonnable capable de discernement: je rappelle qu’elle a arrêté la contraception sciemment, ça donnne quand même un indice sur sa santé mentale.
- « C’est quand même cool que tu sois à la maison toute la journée » : non, non, non. Que nenni. C’est chouette de partager de looooooongs moments avec son mioche, ça d’accord, mais c’est comme tout, point trop n’en faut. Rester à la maison quand tu es suractive et que tu as mille projets dans la tête sur lesquels tu ne peux pas travailler, que tu dois mettre en place une stratégie de management pour aller prendre une douche et/ou déféquer dans les 24 heures – oui, un peu de glamour, merde – ben non, la maison c’est pas cool, au bout d’un moment, tu rêves de la vie de ton mec qui part travailler en sifflotant et qui s’étonne de te trouver en embuscade derrière la porte prête à dégainer du bébé quand il rentre après être allé se boire un petit apéro sans se poser de question. Le chien..
- « Tiens, je te le/la rend, j’en peux plus » : ça, c’est moche. En même temps tu sous-entends que la jeune accouchée se roule les pouces allègrement toute la journée, mais quand elle te laisse 30 minutes son rejeton – qui porte accessoirement ton ADN, que tu sois le mâle ou un grand-parent – t’en peux plus, ça te fatigue et tu ne peux pas faire tes trucs. Mais la mère non plus, elle ne peut pas « faire ses trucs », ça fait des mois que ça dure et ça la rend un peu « touchy » sur les bords. Et puis estime-toi verni(e), dans les société tribales élever un enfant est l’affaire de tous, pas seulement de la mère qui se dépatouille dans son coin en attendant avec impatience de repartir travailler, enfin si elle a un espoir de ne pas être mise au placard à sa reprise.
- « C’est vraiment que du bonheur, un bébé ! » : c’est beaucoup de bonheur un bébé, oui c’est vrai. Même un bonheur incommensurable par moments – quand il dort, au hasard. Mais pas que, putain de bordel de merde. Je m’insurge. Du coup, quand tu t’arraches les cheveux toute seule dans ton coin à réprimer ton agacement grandissant envers la prunelle de tes yeux, tu culpabilises en prime de ne pas ressentir que du bonheur comme tout le monde parce que c’est bien connu, c’est la joie et la félicité dans tous les foyers de jeunes parents. Toute médaille à son revers, n’en déplaise aux mères qui jouent les parfaites.
- « Tu connais Machine ? La voisine du 8éme que t’as croisé une fois en 1992 ? Ben elle a accouché il y a deux semaines, ça c’est super mal passé, elle est toujours hospitalisée »: mais pourquoi ?! Mais pourquoi venir raconter des horreurs à une femme enceinte défoncée aux hormones ?! Elle plane tranquille là sur son nuage de future primipare, des fleurs dans la bouche, ivre de joie à se répéter que ça va être que du bonheur, tout le monde le dit, et tu viens lui ruiner son shoot en la plongeant immédiatement dans le pire bad trip de sa laïfe. Oui, la femme enceinte n’a pas de pondération – à ne pas confondre avec sa prise pondérale – elle passe en une fraction de seconde du bonheur le plus totale à l’envie de se pendre avec ses bas de contention.
- « C’est pas grave ! » : ça, c’est la phrase à ne pas dire. A propos d’aucun sujet. Tout est grave quand on est enceinte ou jeune mère. Tout. Le carton du rouleau de PQ pas jeté. La permanente de la voisine de palier – putain une permanente en 2011 sans déconner ? Un bouton qui craque. Une barrette perdue. Tout, je te dis.
- « Alors, c’est pour quand le deuxième ? » : Est-ce que je te demande si tu programmes ton suicide social ? Si tu comptes t’enchaîner à une enclume et te jeter dans la Seine ? Si tu prévois de t’injecter des pesticides ? Non, alors ne pose pas de question débile, tu vois bien que j’ai déjà du mal à finir le premier, je vais pas en mettre un deuxième en route, je suis à nouveau lucide, merci.
- « T’es pas à 10 mn près ! » : après un accouchement, la denrée la plus précieuse, c’est le temps. Alors si tu me dis que tu finis ta partie de Lapins Crétins avant de prendre le relais pour que j’aille prendre ma douche, sachant que le bébé pieuvre me lâche miraculeusement quelques secondes en babillant, je te dis: No fucking way ! Il y a urgence, tout le temps. Urgence je te dis. 10 mn de répit en post partum = un spa de nullipare. Ni plus ni moins.
- « Qu’est-ce qu’il / elle ressemble à son père ! » : même si c’est son portrait craché, tu te tais. On ne se fait pas chier à porter un bébé pendant 9 mois pour qu’il ressemble à son père. Même si on croirait voir une mère adoptive, on ment et on dit « Mais qu’est-ce qu’il te ressemble, c’est fou !« , une fois bien sûr qu’on s’est assuré que ce n’est pas le bébé du voisin, sinon on perd toute crédibilité.
- « Mais qu’est-ce que t’étais belle, avant ! » : voilà de la phrase qu’elle est constructive et délicate. Ben écoute no soucy je pars faire un saut dans le passé pour chercher mon corps d’avant, je l’enfile et je reviens. Nous, on veut bien ne pas être des furies dévastatrices mi-roquet mi-mégère. Mais faut nous aider un peu aussi quoi…
Merci topito
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