Les idées reçues ont parfois la dent dure. Ainsi, on pense que l’obésité abdominale peu être due à une consommation excessive de bière, d’où cette expression ironique, les « abdos Kronenbourg ».
Des scientifiques suédois de l’université de Göteborg ont étudié de près la question. Leur étude, très sérieuse, a une chance raisonnable de figurer au palmarès des prix Ignobel 2012 (l’édition 2011 a déjà focalisé son attention sur ce breuvage pour une étrange affaire d’une attirance sexuelle des scarabées mâles pour les bouteilles de bière).
Causalité ou corrélation ?
Il n’aura pas échappé à certains fins observateurs que des grands consommateurs de bières présentaient parfois une panse particulièrement proéminente, tandis que le reste du corps ne semblait pas avoir été déformé par la boisson à base de malt fermenté.
Armés d’un mètre, d’une balance et de morceaux de papier, les chercheurs de Göteborg sont allés en Allemagne vérifier le possible lien de causalité entre la consommation de bière et le tour de taille. Car les « abdos Kronenbourg », les vrais, sont ceux qui se manifestent par une prise de graisse uniquement au niveau de l’abdomen.
La bière mise hors de cause
Plus de 20 000 Allemands se sont portés volontaires pour cette expérience originale. Les sujets étaient pesés, leurs tour de taille et tour de hanche mesurés. Ils se devaient aussi de répondre à un questionnaire sur leur descente quotidienne de bière, en se basant sur le nombre de bouteilles ou de pintes aux formats standards vidées.
Hommes et femmes étaient alors rangés dans de grandes catégories, dont les paramètres différaient selon le genre. Les Allemandes étaient regroupées en quatre classes, allant des abstinentes jusqu’aux buveuses modérées (à partir de 250 millilitres par jour). Les hommes, plus souvent enclins aux excès, bénéficiaient d’une catégorie supplémentaire : les gros buveurs.
A titre de comparaison et à mettre en regard avec les données chez la femme, un homme était considéré comme un consommateur modéré lorsque sa consommation quotidienne était comprise entre entre 500 millilitres et 1 litre.
La recherche a été publiée dans l’European Journal of Clinical Nutrition. Elle montre que la bière rend effectivement certains Allemands bedonnants, mais que son effet ne se limite jamais à l’abdomen : `
« La consommation de bière semble plutôt associée à une augmentation des graisses sur l’ensemble du corps. »
Les abdos Kronenbourg se restreignant à une prise de volume au seul niveau de la panse, on sort de la définition de base. La bière n’est donc pas la coupable de cet excès graisseux !
De l’art d’être bon vivant
Ce travail, aussi sérieux soit-il, ne prend pas en compte de nombreux autres facteurs extérieurs. Il ne paraît pas aberrant de considérer que dans la catégorie des gros buveurs on trouve beaucoup de « bons vivants », ceux-là mêmes qui aiment la bonne chère et ne se satisfont pas d’une salade d’aubergine, sauf si, à la limite, elle accompagne une choucroute bien garnie.
Leur appétit pour la bière et pour la nourriture pourrait donc entraîner une confusion dans l’interprétation, ce que les scientifiques appellent un biais. C’est en ce sens qu’a conclu une étude de 2003 menée en République tchèque sur les brioches des buveurs de bière.
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